Friday, June 03, 2005

UN AUTRE POÈTE DE LA SIXIÈME DÉCADE

Samarendra Sengupta

Samarendra Sengupta (1935), poète célèbre des années cinquante publia son premier recueil ‘Je Kono Niswase’ (À chaque prise de souffle) en 1962. Parmi ses plus célèbres recueils on trouve ‘Dhyane, Byabodhane’(Méditant à distance, 1974), ‘Bhinna Jati Chinha’ (Autre ponctuation, 1980), ‘Kanna Barud’ (Larmes- explosif,1989).

Sa jeunesse se passa à l’époque de la partition, de la grande famine et des émeutes qui secouèrent le Bengale à l’heure de l’indépendance. Il atteint sa maturité de poète au contact des poètes européens comme Eliot, Yeats et des poètes bengalis comme Buddhadev Bose, Bishnu Dey. Ces influences marquèrent son œuvre d’une mélancolie, d’un spleen, d’une sensualité dans l’amour tout à fait baudelairiens.
On peut citer à titre d’exemples les vers suivants :
« Garha andhakar, ghore sampanna moyal, chote trasta harinira
Prastut mahargha bhoje bagh dur nadi dekhe ase,
Nadi shanta jaladhara; ke takhano pichane takay
... ... ...
Akasmat tabu fere ban
Fere nari, ramya pashu; ajatasishur garbha dheke rakhe shila,
Debdaru-drishya uru arakta kantay kanpe rekhar patale,
Chuler bishal mashi abalupta kare sob adhin atmake;
Takhan kothay photo, he golap, atmiya amar!
... ... ...
Pashapashi shuye achhe gabhir nisanga duti ratrir santan. »
(Aranya : Forêt ;s.2,v.1-3;s.3,v.1-5; s.4,v.1)

( Dans de profondes ténèbres, les pythons se promènent, les biches terrifiées courent en tout sens. À ce repas tout prêt de mets choisis, le tigre a vu la distante rivière et s’en approche. La rivière coule calmement, qui donc pense à tourner la tête? ... Soudain alors réapparaissent la jungle, la femme, les animaux en rut ; une pierre bouche l’entrée du sein des bébés attendant de naître; les cuisses tremblent comme des cèdres sous l’éperon ensanglanté qui pénètre dans leur profonde crevasse, son abondante chevelure toute noire recouvre son esprit subjugué. Alors où fleuris-tu donc, oh ma rose, ma proche. Côte à côte, sont étendus deux enfants de la nuit, profondément seuls).

Voir aussi à ce sujet les poèmes ‘Biswaran’ (Oubli), ‘Dourh’ (Courir), ‘Binimoy’ (Echange), ‘Bodhan’ (Éveil), ‘Simanta’ (Frontière), ‘Yehudi Menuyineke Anurodh’ (Requête à Yihudi Menuhin), ‘Keno Ekaki’ (Pourquoi Seul), ‘Tumi Kichhui Janlena’ (Tu n’en savais rien), ‘Ami’ (Moi), ‘Ami Daye Noi’ (Je ne suis pas responsable). Dans les poèmes ‘Model’ (Modèle), ‘Charuibhati’ (Pique-Nique), ‘Upakhyan’ (Conte), on trouvera des exemples d’amour sensuel à la Baudelaire. Ainsi les vers suivants de ‘Model’ (Modèle):

« Nagna tar mukh theke pa abadhi khutiye dekhechhi.
... ... ...
Sutarang chokh theke
Khub druta niche namchhi. Staner nitol phutte na phutte
Esegelo navi, sekhane khanik anyarang basate giyai
Dekhi janma urur jamaj tape pauchhe gechhi
Shaishabke path kore dite. (s.1,v.1,6-11)

(Je la dévisage, dans sa nudité, de la tête aux pieds d’un regard à la fois de docteur et d’artiste ... Mon regard descend très vite; à peine a -t-il vu poindre ses seins ronds qu’il atteint son nombril où ayant appliqué la touche d’une autre couleur et ayant inspecté la tiédeur des cuisses jumelles desquelles je suis né, il est parvenu à frayer un chemin à son enfance).

Dans ‘Khub Besidin Ar’ (Plus pour longtemps), c’est un exemple d’amour spirituel que nous trouvons :
" Aj dekhi kono ful nai ar purano bagane
Khub beshidin ar tomake prithibi kore rakhbona kachhe"
(s.2,v.4-5)

(Aujourd’hui je vois qu’il n’y a plus de fleur dans le vieux jardin. Je ne te regarderai plus pour longtemps comme mon univers).

Samrendra Sengupta, par le style de quelques poèmes tels que ‘Je Din Chithi Thakena’ (Un jour sans courrier), ‘Ekti Bastabik Godya Kabita’ (Un vrai poème en prose), nous rappele aussi ‘Les Petits Poèmes en prose’...

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LE POÈTE FUNÉRAIRE

Pabitra Mukhopadhyay

Pabitra Mukhopadhyay naquit à Amtali, une ville portuaire du Barisal, en 1940. À l’age de sept ans il perdit sa mère et fut élevé par sa tante. Il passa sa jeunesse à Calcutta à l’époque de la partition du Bengale et de la grande famine. Il développa son génie poétique en étudiant la littérature européenne et les œuvres des grands poètes bengalis qui l’avaient précédé. Un des plus célèbres poètes des années soixante, Pabitra Mukhopadhyay publia 19 recueils de poèmes dont le premier en 1960, ‘Darpne Anek Mukh’ (Miroir aux nombreux visages). Par son deuxième recueil plus long ‘Shob Jatra’ (Cortège funèbre) de 1961, il se fit un nom comme poète. Ses autres recueils célèbres sont ‘Aguner Basinda’ (En plein feu, 1967), ‘Iblisher Atmadarshan’ (Prise de conscience de soi de Satan,1969) etc.. Il se rendit célèbre comme éditeur de ‘Kabi Patra’, 1958.

Toute son œuvre est pleine d’un spleen, d’un ennui sans fin, qui l’accompagnent dans sa marche en avant vers l’avenir :
« Dyakho kibichitra drishya hoye amar sharire
Niyata darpane mukh tule dhare. Dyakho ki bisad
Amar chokher niche chinha hoy. Chaturparsha ghire
Binasta kirtir shob muhur muhu kore artanad. »
(Dekho Ki Bichitra Duhkha : Vois,
quelle étrange douleur ; s.1,v.1-4)

(Vois quelle étrange douleur se fait voir et montre son visage dans mon corps qui la mire; vois quelle tristesse fait tache dans le cerne de mes yeux. De tous côtés les cadavres d’exploits réduits à rien hurlent de douleur sans arrêt.)

Son amour aussi apparaît partout très baudelairien dans ses oeuvres. A titre d’exemple :
« Amar janye kau bose nai
Je briksher dale chhayar janye basechhilam
Ekhan tar pata jhorte shuru korechhe,
Amar janye keu bose nai
Je amake golap debe bhebe pathik hoyechhilo
Ekhan tar chokher patay ratri nemechhe
Amar dike keu cheye nai
Je amake chhaya debe bole sharir mele danrhiyechhilo
Se ekhan dirgha chhayay miliye gechhe. »
( Amar Janye : Pour moi; s.1,v.1-9 )

( Il n’y a personne qui m’attende. L’arbre sous lequel je m’étais assise dans l’espoir d’un peu d’ombre à commencé à perdre ses feuilles. Il n’y a personne qui m’attende. Celle qui s’était mise en route pour m’offrir une rose, a maintenant les paupières lourdes de sommeil. Il n’y a personne qui me regarde. Celle qui s’était dressée pour me couvrir de son ombre a maintenant disparu, ne laissant derrière elle qu’une ombre étirée).

Son long poème ‘Shob Jatra’ (Cortège funèbre) nous rappelle ‘Le Voyage’ de Baudelaire, non seulement par son allusion à la mort mais aussi par sa présentation. Pabitra Mukhopadhyay, dans les 1216 vers des cinq parties de son poème (‘Le Voyage’ en avait huit), utilise des images et des mythes très baudelairiens; la fin du poème ressemble aussi très fort celle du ‘Voyage’:
« Kothao jantrana nai chirashanta sundarer deshe
Jugabyadhi jarjarita premiker atma abashese

Melay anandamoy sundarer sharire abar
Ekdin shapadagadha hoyechhilo je debkumar
... ... ...
Galita kankal loye ekaki se kalar mandas
Vese jay kalojale charitartha amal udas
Samasta prithibi stabdha andhakar tenenilo tare
Gangurer jalochchhas grase sai klanta bedonare. »
[ Shob Jatra (Cortège funèbre) : Bhasan
(Immersion)Vol.II ; v.1207-10, 1213-16 ]

( Dans le pays d’une beauté éternelle, sereine, où l’on ne souffre pas, finalement l’âme de l’amant malade du mal du siècle s’épanouit à nouveau dans le corps d’une beauté jubilante, lui qui, fils de dieu, un jour avait été foudroyé par une malédiction. ... Avec un squelette décharné, seul, le radeau en troncs de bananier flotte dans l’eau noire, satisfait, immaculé, indifférent. Tout l’univers est cois, les ténèbres le ravissent et les lames d’eau du Gange dévorent cette douleur épuisante).

Ces vers nous rappellent :
« Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l’ancre.
Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons!
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons!

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte!
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe?
Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau! »
( Le Voyage; pt: VIII, s.1 & 2 )

Même si de nombreux critiques refusent de voir dans le poème cité des influences baudelairiennes, il est bien clair que Paître Mukhopadhyay lui-même, comme l’indique le sous-titre du poème ‘Balo, sundar achhe kon upakule’(Dis-moi sur quel rivage trouve t’on du Beau ?), le modelait sur le ‘Voyage’...

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UN POÈTE ROUGE

Amitava Dasgupta

Amitava Dasgupta (1935) un des autres poètes célèbres des années cinquante, publia plus de 10 recueils de poèmes dont le premier ‘Samudra Theke Akash’ (De la mer au ciel) date de 1957. Les autres recueils célèbres sont ‘Mrityur Adhik Khela’ (Les excès ludiques de la mort), ‘Aguner Dal Pala’ (Branches de feu), ‘Barud Balika’ (Une Fillette devenue explosif), ‘Eso Sparsha Karo’ (Viens touche-moi) etc..

Comme ses poètes contemporains, Amitava Dasgupta aussi subit l’influence de Baudelaire. Dans ‘Satranch’ (Échecs), ‘Sital Pati Choya Hole’(Ayant touché le frais drap de lit), ‘Dairath’ (Duel), ‘Jiniya Ranger Samudrer Dhare’ (Au bord de l’océan pourpre), ‘Amimangsita’ (Sans conclusion), ‘Aguner Bhela’ (Un radeau de Feu), ‘Pari’ (Nymphe), ‘Ami Tomaderi Lok’ (Je suis votre homme), ‘Lunthan’ (Pillage), ‘Anya Ek Chhabi’ (Un Tableau différent), ‘Rakta-Tat’ (Rivage de sang ), ‘Ekush Bachhar Par’ (Après vingt et un ans), on trouve un spleen très Baudelairien. A titre d ‘exemple les vers suivants :
« Angur name lajuk meyeti khub chapa galay
Khashrur besh kichhu sayeri parhe
Madhyarate hatat chaliye dilo Amirkhan,
... ... ...
Sai Khashru, sai Amirkhan, sai Angur, sai hasyamoy ghatak kishor
Mile mishe
Amader bhitar ghaniye tulla nirjanatar santras
Ja shudhu narhi-cherha mayer
Ar
Tilar payer kachhe chupchap base thaka
ekti tunt ranger mathkothar. »
(Tut Ranger Math Kotha : La Cabane
toute bleue; s.1,v.1-3; s.5,v.1-7)

(La Jeune fille timide qui se nommait Angur (litt. raisin) à voix basse lisant des poèmes d’amour de ‘Khashru’, soudain, à minuit, se mit à jouer ‘Amir Khan’, ... Ce ‘Khashru’, cet ‘Amirkhan’, cette Angur, ce jeune meurtrier tous ensemble solidifient un silence terrifiant que connaissait seulement la mère dont on vient de couper la corde ombilicale et la cabane toute bleue sise en silence au pied de la colline).

Son amour aussi est de type baudelairien, à la fois sensuel et spirituel. Ainsi:
« Mone hoy— aibar, aibar chherhe dite hobe
Jagner ashwini.
Athacha take to ami shirar tanele chhota
Nijer rakter mato chini.
... ... ...
‘Chherhe dao’ hanklai mode nil shashwan chandal
Matir dhelar mato tuptap gale jay
Se amar niaswa jakshini. »
(Nijaswa Jakshini : Ma déesse de garde;
s.1,v.1-4; s.2,v.6-8)

(Cette fois me semble-t-il, cette fois il me faudra laisser la jument du sacrifice. Même si je la connais comme mon propre sang coulant dans le tunnel de mes veines. ... Quand elle s’écrie : ‘laisse-moi’, bleue de colère comme un fossoyeur ivre, je me fonds comme une motte du terre à ce cri de ma propre déesse de garde).

Et encore ‘Kasta’ (Peine), ‘Chaturdaspadi’ (Vers de quatorze pieds), ‘Maruketaner Mato’ (Comme un drapeau dans le désert) pour l’amour sensuel. Pour l’amour spirituel, voir les vers suivants :

« Banabo rumal diye chhoto barhi.
... ... ...
Tarpar
Buker nibirh theke ekkhana panjar khasiye
Tomake garhba. Tumi
O amar ekmatra, nijaswa ramani. »
(Nirman : Construction, s.1,v.1; s.2,v.1-4)

(Je construirai une petite maison avec un mouchoir. ... Et puis, avec la côte tirée des profondeurs de ma poitrine, je te construirai. Toi et ma seule, mon unique dame)...


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Thursday, June 02, 2005

LES JEUNES AVANT-GARDES

Tushar Chaudhuri et Ananya Roy seront les deux derniers poètes étudiés parmi les nombreux poètes qui subirent plus spécialement l’influence de Baudelaire durant les années septante que l’on pourrait nommer baudelairiennes.

Tushar Chaudhuri

Tushar Chaudhuri est né à Calcutta en 1949. Ses plus célèbres recueils sont : ‘Swapnaloke Kothay Shikari’(Où trouver un chasseur au pays du rêve, 1978), ‘Domkak O Banhishikha’(Le Corbeau et la jeune Etincelle,1988), ‘Rupkathar Nisthurata’ (Cruauté des contes de fées,1992). Pour ce qui a trait à l’amour sensuel, voir les poèmes : ‘Jubarani’( Jeune Reine), ‘Domkak O Banhishikha’(Le Corbeau et la jeune Etincelle ), ‘Tomar Hriday’ (Ton cœur), ‘Shudhu Tar Nam’ (Rien que son nom ).

Dans les poèmes ‘Atmagopankari’ (Personne secrète), ‘Uipoka’(Termite), ‘Mandabi’ (La Rivière Mandabi), ‘Ganikar Harh’(Os de la prostituée), ‘Sai Tumi’ (Ce toi ) nous trouvons ce qui à trait au spleen. Ainsi dans les vers suivants :
« Akashe kayekti mlan tara, dure kothao kukur deke othe
Astabale
Ghorhar sepai chur hoye parhe ghorar baraddha mod akatare mere
Erakam matta prithibir santa ghaser prantare rat barhe
Kabir bibaha hoy, shit ase. »
( Kolkatay Shit Ase: L’Hiver arrive à Calcutta; s.2, v.1-5 )

(Quelques pâles étoiles au loin, un chien aboie. Dans l’écurie des chevaux, le policier de garde, soûl d’avoir ingurgité la ration d’alcool du cheval. Dans cet univers ivre, la nuit tombe de plus en plus sur les prés paisibles. Le poète se marie, l’hiver vient).


Ananya Roy

Ananya Roy (1955-1990 ), dans sa courte vie, publia six recueils de poèmes. Le premier ‘Dristi Anubhuti, Etyakar Prabaha Ebang Aro Kichhu’( Au Fil de sentiments, d’observations et de ce genre de choses et de bien d’autres encore), date de 1972. Les autres recueils célèbres sont ‘Chullir Prahar’( Une Époque de fournaise, 1983 ), ‘Nil Baylerina’( La Ballerine bleue, 1984 ), ‘Amish Rupkatha’ (Conte de fée épicé, 1979), ‘Alor Opera’( L’Opéra de la lumière, 1989).

On reconnaît le spleen de Baudelaire dans beaucoup de ses poèmes; ainsi :
« Ai tanaporhen ar bhalolagena.
Ki asahya ai porha mangsa, ai mrityu, ai mod,
Narir sharirmoy anander jaghanya santras.
Ajiban rutir dhandhay kale karkhanay ban badarhe ghure
Tomader firiedite ektal mangsal bhalobasa. »
( Dinjapan : Passer la journée; s.2,v.1-5 )

( Je n’aime plus ces tiraillements insupportables, cette chair brûlée, cette mort, cet alcool, cette détestable panique qui accompagne la jouissance physique de la femme. Pour son gagne-pain, toute sa vie parcourant les usines et les jungles pour vous rendre un morceau d’amour charnel ).

Voir encore à ce sujet les poèmes ‘Naitik Nirdeshnama’ (Instructions morales), ‘Ro Ro Sinrhi’ (Escalier tournant), ‘Kabitar Janma’ (Naissance du poème), ‘Chumbaker Swarga’(Le Ciel de l’aimant). Connaissant Baudelaire de première main, il subit pourtant aussi son influence par l’intermédiaire d’Eliot, Jibanananda Das, Buddhadev Bose...

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Sunday, May 29, 2005

QUELQUES JEUNES POÈTES BENGALIS BAUDELAIRIENS

Il n’est pas possible faire mention de tous les poètes influencés par la modernité baudelairienne entre 1960 et 1990. En 1989 seulement, l’année d’‘Alor Opera’, plus de 195 recueils de poèmes furent publiés (voir, ‘Bangla Kabitar Kalpanji (Chronique de la poésie bengalie) 1927 à 1989’). Parmi les poètes fameux de cette seule année on trouve Anindya Roy, Uttar Basu, Kabita Bhaduri, Jaya Mitra, Jahar Sen Majumdar, Barun Charaborty, Brata Charaborty, Bhaskar Charaborty, Ranajit Mukhopadhyay, Manibhushan Bhattacharya, Maloy Dasgupta, Rabin Sur, Joy Goswami, Ramen Acharjya, Samsur Anoyar, Sutapa Sengupta, Mandakranta Sen etc..

Le Bengale oriental (maintenant Bangladesh) subit également l’influence de Baudelaire et mériterait une étude particulière qui ne fait pas partie de l’objet de cet essai. Vu leur popularité au Bengale occidental (West Bengale), nous citerons brièvement quelques poètes bangladeshi contemporains.
Ali Asam est le premier de ces poètes à avoir été influencé par ‘le spleen’ de Baudelaire. Sanaul Haque en est un autre.
Dans les années cinquante, sont à citer Shamsur Rahaman surtout, Al Mahmud et Shahid Kadri.

Shamsur Rahaman publia plus de 22 recueils de poèmes dont le premier en 1960, ‘Pratham Gan, Ditiya Mrityur Age’ (Mon premier chant avant ma deuxième mort). Les plus célèbres sont ‘Roudra Karotite’(Dans un crâne en colère), ‘Duhsamayer Mukhamukhi’ (Face au temps d’épreuve), ‘Ekarusher Akash’(Ciel d’Icare), ‘Naraker Chhaya’ (Ombre infernale). Les thèmes baudelairiens de la sensualité, l’ennui, l ‘espoir, l’amour et la mort se retrouvent partout dans son œuvre. Par exemple dans ‘Tomar Smriti’ (Ton souvenir) :
« Buker bhetar sanko bhange, ghar purhe jay etastata,
Bhasma orhe kinba kono
Prachin ganer resh theke jay.
Buker ruksha dhusar pathe kakhan ke je udas dake.
... ... ...
Jotsnamakha urnajaler mato smriti, tomar smriti
Hriday jurhe keman hu hu bisad giti.» ( s.1,v.1-4,8-9 )
( Dans ma poitrine des ponceaux se brisent, des maisons brûlent, les cendres s’envolent de toutes parts ou bien l’air d’une veille mélodie résonne faiblement sur les sentiers rugueux et gris de ma poitrine; Quand donc et qui, je l’ignore, voudra bien m’appeler avec une telle indifférence. ... Ton souvenir remplit mon cœur de quelle étrange triste mélopée ).

Al Mahmud aussi, surtout dans la première partie de son œuvre, est sous l’influence de Baudelaire :
« Sandhyay ghare firi kshata bikshata
Antahin jantranay rakta jwale bujhi.
Tar par nasta ek ganikar mato
Andhakar dak dey nibirh probodhe:
‘Asun Babuji’. » ( Probodh : Consolation)
( Le soir je rentre chez moi blessé, lacéré ; mon sang, me semble-t-il, brûle d’une douleur sans fin, Et puis comme une putain dévoyée, les ténèbres m’appellent pour me consoler intensément : ‘Venez, mon seigneur’).

Sahid Kaderi décrit un spleen né de la tristesse et de la monotonie des grandes métropoles, comme Baudelaire dans ‘Le Voyage à Cythère’ :
« Bikalanga pangu jara, nasta bhagya pitrimatrihin—
Kaday, jale, jharhe, narhe kebal eksar asustha spandan
Tader shushrusa tomra, tomader mumursu stan. »
( Alokita Ganikabrinda: Les putains irradiées)
( Les invalides, les estropiés, les malchanceux sans père ni mère, dans la boue, l’eau et les orages tremblent de leurs masses maladives; ils n’ont que vous pour les soigner, que vos seins asséchés).
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