Saturday, June 11, 2005

LE PHILOSOPHE DE LA MODERNITÉ

Mohitlal Majumdar

Mohitlal Majumdar (1888 – 1952) poète, essayiste, critique et traducteur célèbre au Bengale, fût professeur d’anglais dans des écoles de Calcutta, puis de langue et littérature bengalies à l’université de Dhaka en 1935. Mais avant tout il fut le poète bengali qui établit la modernité de la littérature bengalie sur des bases fermes. Selon Dipti Tripathi, une critique célèbre, Mohitlal avait été reconnu par les jeunes poètes modernes comme leur Gourou à cause des caracteristics suivantes de son œuvre :
i) sa nouveauté, libérée des influences tagoriennes ;
ii) enrichie par sa connaissance de la littérature européenne, qui l’amena à introduire le baudelairisme et l’hermétisme dans la littérature bengalie ;
iii) son rejet du spirituel ;
iv) sa philosophie matérialiste ;
v) son adaptation du rationalisme et du factualisme de la prose à la langue courante ;
vi) son sens historique ;
vii) son antiromantisme ;
viii) sa sensualité, son érotisme ;
ix) son sens de l’horrible, de la démesure, de l’abominable, du monstrueux.

Le poète-révolté Mohitlal écrivit d’abord dans la revue ‘Kallol’ (Vague) puis dans ‘Sanibarer Chithi’ (Lettre du samedi), après son désaccord avec la modernité excessive des jeunes écrivains de Kallol. Mais son caractère révolté ne lui laissa pas de repos pour autant. Ses œuvres poétiques sont : ‘Swapan Pasari’ (Vendeur de rêves, 1992), ‘Biswarani’ (Celui qui oublie, 1923 ), ‘Smaragaral’ (Venin du souvenir,1936 ), ‘Hemanta Godhuli’ (Crépuscule de fin de saison,1941 ) et ‘Chhanda Chaturdashi’ (Strophes de 14 vers,1944 ). Dans ‘Hemanta Godhuli’, Mohitlal publia ses traductions de poèmes étrangers avec ses propres poèmes. Nous y trouvons la traduction de ‘Harmonie du soir’ des Fleurs du Mal (voir page 15 ).

Comme pionnier des poètes modernes au Bengale, il est pris du désir intense de jouir de la vie et de savourer les voluptés de la chair. Il est obsédé comme Baudelaire par l’idée du péché originel et des rêves de beauté :
« Sristimule achhe kam, sai kam durjoy durbar!
Jupabaddha pashu ami! —heritechhi mrityur kharpar
Tapta shoniter dhare? na, na, se je madhur utsar !
Dui hate shunya kari purna sai madhuchakra prati purnimay. »
( Pantha : Le voyageur; s.23,v.4-7 )
(La concupiscence (libido) est à l’origine de la création, elle est irrésistible, invincible. Suis-je une bête de sacrifice! Ai-je rempli la coupe de la mort avec les flots d’un sang chaud ? Non, non, quel doux jaillissement! De mes deux mains je vide ces gâteaux remplis du miel de chaque pleine lune).
« Jar guru urutate ekada purnima nishi
Parayechhe charu chandra har
Saraye sithil nibi, badhu jabe sangahara
Adarer madhur lagane, —
Sai mor paraneshwari aj more chinilona! »
( Rup-Moha : Sous l’emprise du beau; s.2, v.17-21)
(Une nuit de pleine lune, un jour, entoura son immense cuisse d’un collier en forme de croissant. Inconsciente, dans un doux moment d’étreinte, la jeune épouse dénoue le nœud de sa taille — cette déesse de mon cœur aujourd’hui ne me connaît plus).
Comme Baudelaire, Mohitlal Majumdar est antiromantique d’une part et classique d ‘autre par part la forme et les rimes de ses poèmes ; par ailleurs en révolte contre la tradition, il est aussi tout-à-fait moderne, le porte-flambeau des idées baudelairiennes.
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