Friday, June 10, 2005

LE POÈTE D'UN AUTRE MONDE

Jibanananda Das

Jibanananda Das (1899- 1954), un des grands poètes modernes du Bengale, naquit à Barishal dans le Pakistan oriental, à présent Bangladesh. Il obtint une licence en littérature anglaise à l’Université de Calcutta, en 1919. Professeur d’anglais, il enseigna dans plusieurs facultés universitaires : ‘City College’ (1992), Calcutta, ‘Bagerhat College’ (1929), Khulna, Bangladesh, ‘Ramjosh College’ (1929) Delhi, ‘Brojomohan College’ (1935), Barishal, Bangladesh, ‘Kharagpur College’ (1951), Midnapur,W.B., ‘Barisha College’ (1952), Calcutta et ‘Howrah Girls’ College’ (1953).
En 1925, il publia des poèmes dans les revues ‘Bangabani’ (Voix du Bengale), ‘Prabasi’ (Citoyen étranger), ‘Bijali’ (Éclair). En 1926 il publia dans ‘Kallol’ (Vague) et l’année suivante dans les revues ‘Kali-Kalam’ (Encre et plume) et ‘Porichay’ (Présentation). En 1931, ‘Porichay’ (vol.1, no.3) publie son poème ‘Kyampe’ (Au camp) qui suscita une controverse entre les intellectuels du Bengale en raison du son obscénité. Dès son premier numéro, la revue ‘Kabita’ (Poésie) lui fut associée jusque sa mort.
En 1927, il publia son premier livre ‘Jhara Palak’ (Plumes perdues), et puis ‘Dhusar Pandulipi’ (Parchemins jaunâtres,1936), ‘Banalata Sen’ (La jeune Banalata Sen, 1942), ‘Maha Prithibi’ (L’Immense univers,1944), ‘Satti Tarar Timir’ (La Nuit aux sept étoiles,1948). En 1952, il réédita, en y ajoutant plusieurs poèmes, ‘Banalata Sen’ et en 1954 publia ‘Srestha Kabita’(Poèmes choisis). Après sa mort ‘Rupasi Bangla’ (Bengale ma belle) vit le jour. On lui doit aussi quelques romans et nouvelles.

Jibanananda Das subit l’influence de la littérature anglaise et en particulier celle des poètes Yeats, Poe, et Eliot. Nous ne trouvons en lui aucune évidence d’une connaissance du français, mais Baudelaire ne lui est pas inconnu. Les œuvres de T. S. Eliot, celles de Mohitlal Majumdar et de son ami Buddhadev Bose, un article de Nalini Kanta Gupta sans doute aussi, le lui avaient fait connaître.
C’est pourquoi après la mort du poète, le Père Pierre Fallon s, j. écrivit les lignes suivantes : « La lecture du poème ‘Banalata Sen’ fait penser au poète Baudelaire, le grand poète précurseur des symbolistes. Il se servit de l’obscurité du symbole pour transformer les sentiments romantiques en une mélancolie pleine de gravité exprimée en un langage parfait. Ce même ennui, cette même gravité, ce même bonheur dans l’expression se retrouvent dans beaucoup de poèmes de Jibanananda Das. » (Charti Kabita : Quatre poèmes), Usa (L’Aurore,nov’1954). On pourrait trouver des traits semblables dans d’autres de ses recueils. Une influence indirecte de Baudelaire sur ses œuvres est indéniable.
Le même désenchantement, la même mélancolie, le même ennui baudelairiens se retrouvent dans les poèmes de Jibanananda Das ayant trait à l’amour : « Bhalobese dekhiyachhi meyemanusere
Abahela kore ami dekhiyachhi meyemanusere,
Ghrina kore dekhiyachhi meyemanusere,
Amare se bhalobasiyachhe
Asiachhe kachhe,
Upeksha se karechhe amare,
Ghrina kore chale gechhe —jakhan dekechhi bare bare
Bhalobese tare ; »
(Bodh :Sentiment ;s.4,v.28-30 ;s.5,v.1-5)
(J’ai regardé les femmes avec amour, je les ai regardées avec mépris, je les ai regardées avec dégoût ; elles m’ont aimé, sont venues près de moi, m’ont dédaigné, elles m’ont quitté pleines de dégoût, sans se soucier de mes appels répétés, aimants).
...
Pour conclure, il n’est pas erroné d’affirmer que la popularité dont jouit Jibanananda parmi les intellectuels et les lecteurs de ses poèmes, aida à la diffusion du baudelairisme au Bengale des années trente.
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