Wednesday, June 08, 2005

LE POÈTE DES NUITS SANS LUNE

Achintya Kumar Sengupta

Achintya Kumar Sengupta (1903- 1976) compagnon de Premendra Mitra et membre célèbre du mouvement ‘Kallol’ (Vagues), publia son premier recueil ‘Amabasya’ (Nouvelle Lune ) en 1930, et puis ‘Amra’ (Nous) en 1932, ‘Priya O Prithibi’ (Amante et Univers) en 1933, ‘Nil Akash’ (Ciel azuré) en 1949, ‘Ajanma Suravi’ (Parfums remontant à ma naissance) en 1965, ‘Purba-Pashchim’ (Est- Ouest) en 1967, ‘Uttaran’ (Solstice d’été) en 1974. Avant tout romancier, dans les années trente, il est pourtant un poète bengali célèbre. De profession il était juge de paix, d’esprit il était moderne. L’influence de Baudelaire se trouve non seulement dans ses œuvres poétiques mais aussi dans ses romans et nouvelles.
Pour sa conception de l’amour, comme il en est chez son contemporains Buddhadev Bose, Jibanananda Das doit beaucoup à Baudelaire par l’intermédiaire ici aussi de la littérature anglaise surtout Yeats, Auden et Eliot.

Dans le poème ‘Dharate Charan Raki Akashere Laiba Mathay’ ( Les pieds par terre, je mettrai le ciel sur ma tête), il parle comme Baudelaire dans ses ‘Journaux intimes’ (Mon Cœur mis à nu, no. XIX, v.1-2) :
« Puspita jarjarita mor panjar
Ek parshwe rakshser anya parshwe debatar ghar. » (s.5v.1,2)
(Ma cage thoracique dilatée brûle de soif, d’un côté la demeure des démons, de l’autre celle des dieux).
Le poème ‘Gabo Aj Anander Gan’ (Aujourd’hui je chanterai une chanson joyeuse) nous offre un échantillon très baudelairien d’amour charnel :
« Biswer amritaras je anande karia manthan
Laviyachhe nari tar sukhodwel tapta purnastan,
Labanyalalita tanu jouban puspita puta anger mandir
Rachiyachhe je ananda kamanar samudrer tir
Samsar shiyare,
Je ananda andalita sugandhanandita snigdha chumban trisnay
Bamkim gribar bhange, apange, janghay,
Lilayita katitale lalate o katu bhrukutite,
Champa angulite,
Purus pirhantale je anande kampra mujhyaman
Gabo sai anander gan. » (s.2, v.1- 11)
(Avec la joie qui a produit le nectar de l’univers, les femmes ont acquis leurs seins gonflés, tièdes et repus de plaisir; la joie qui a construit le corps plein de beauté dans le temple des membres sacrés d’une adolescence en fleur, au bord de l’océan des passions, à la cime d’un foyer; la joie qui se balance toute parfumée dans la soif de baisers tendres, dans la posture de nuques courbées, dans les clins d’yeux, dans les hanches; la joie qui ondule dans les reins, le front, les froncements de sourcils et les doigts effilés; avec la joie qu’éprouvent les femmes palpitantes et médusées sous l’étreinte pénible des hommes, c’est cette chanson joyeuse que je chanterai).

Achintya Kumar Sengupta à la fin de sa vie, se tourna vers une spiritualité où l’on ne trouve plus la moindre trace de baudelairisme.
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Pour publier cet essai dans son entièreté la permission de l'auteur et le versement des droits sont requis: Contacter : dr.gautampaul@gmail.com

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