Friday, June 03, 2005

LE POÈTE FUNÉRAIRE

Pabitra Mukhopadhyay

Pabitra Mukhopadhyay naquit à Amtali, une ville portuaire du Barisal, en 1940. À l’age de sept ans il perdit sa mère et fut élevé par sa tante. Il passa sa jeunesse à Calcutta à l’époque de la partition du Bengale et de la grande famine. Il développa son génie poétique en étudiant la littérature européenne et les œuvres des grands poètes bengalis qui l’avaient précédé. Un des plus célèbres poètes des années soixante, Pabitra Mukhopadhyay publia 19 recueils de poèmes dont le premier en 1960, ‘Darpne Anek Mukh’ (Miroir aux nombreux visages). Par son deuxième recueil plus long ‘Shob Jatra’ (Cortège funèbre) de 1961, il se fit un nom comme poète. Ses autres recueils célèbres sont ‘Aguner Basinda’ (En plein feu, 1967), ‘Iblisher Atmadarshan’ (Prise de conscience de soi de Satan,1969) etc.. Il se rendit célèbre comme éditeur de ‘Kabi Patra’, 1958.

Toute son œuvre est pleine d’un spleen, d’un ennui sans fin, qui l’accompagnent dans sa marche en avant vers l’avenir :
« Dyakho kibichitra drishya hoye amar sharire
Niyata darpane mukh tule dhare. Dyakho ki bisad
Amar chokher niche chinha hoy. Chaturparsha ghire
Binasta kirtir shob muhur muhu kore artanad. »
(Dekho Ki Bichitra Duhkha : Vois,
quelle étrange douleur ; s.1,v.1-4)

(Vois quelle étrange douleur se fait voir et montre son visage dans mon corps qui la mire; vois quelle tristesse fait tache dans le cerne de mes yeux. De tous côtés les cadavres d’exploits réduits à rien hurlent de douleur sans arrêt.)

Son amour aussi apparaît partout très baudelairien dans ses oeuvres. A titre d’exemple :
« Amar janye kau bose nai
Je briksher dale chhayar janye basechhilam
Ekhan tar pata jhorte shuru korechhe,
Amar janye keu bose nai
Je amake golap debe bhebe pathik hoyechhilo
Ekhan tar chokher patay ratri nemechhe
Amar dike keu cheye nai
Je amake chhaya debe bole sharir mele danrhiyechhilo
Se ekhan dirgha chhayay miliye gechhe. »
( Amar Janye : Pour moi; s.1,v.1-9 )

( Il n’y a personne qui m’attende. L’arbre sous lequel je m’étais assise dans l’espoir d’un peu d’ombre à commencé à perdre ses feuilles. Il n’y a personne qui m’attende. Celle qui s’était mise en route pour m’offrir une rose, a maintenant les paupières lourdes de sommeil. Il n’y a personne qui me regarde. Celle qui s’était dressée pour me couvrir de son ombre a maintenant disparu, ne laissant derrière elle qu’une ombre étirée).

Son long poème ‘Shob Jatra’ (Cortège funèbre) nous rappelle ‘Le Voyage’ de Baudelaire, non seulement par son allusion à la mort mais aussi par sa présentation. Pabitra Mukhopadhyay, dans les 1216 vers des cinq parties de son poème (‘Le Voyage’ en avait huit), utilise des images et des mythes très baudelairiens; la fin du poème ressemble aussi très fort celle du ‘Voyage’:
« Kothao jantrana nai chirashanta sundarer deshe
Jugabyadhi jarjarita premiker atma abashese

Melay anandamoy sundarer sharire abar
Ekdin shapadagadha hoyechhilo je debkumar
... ... ...
Galita kankal loye ekaki se kalar mandas
Vese jay kalojale charitartha amal udas
Samasta prithibi stabdha andhakar tenenilo tare
Gangurer jalochchhas grase sai klanta bedonare. »
[ Shob Jatra (Cortège funèbre) : Bhasan
(Immersion)Vol.II ; v.1207-10, 1213-16 ]

( Dans le pays d’une beauté éternelle, sereine, où l’on ne souffre pas, finalement l’âme de l’amant malade du mal du siècle s’épanouit à nouveau dans le corps d’une beauté jubilante, lui qui, fils de dieu, un jour avait été foudroyé par une malédiction. ... Avec un squelette décharné, seul, le radeau en troncs de bananier flotte dans l’eau noire, satisfait, immaculé, indifférent. Tout l’univers est cois, les ténèbres le ravissent et les lames d’eau du Gange dévorent cette douleur épuisante).

Ces vers nous rappellent :
« Ô Mort, vieux capitaine, il est temps! levons l’ancre.
Ce pays nous ennuie, ô Mort! Appareillons!
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons!

Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte!
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe?
Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau! »
( Le Voyage; pt: VIII, s.1 & 2 )

Même si de nombreux critiques refusent de voir dans le poème cité des influences baudelairiennes, il est bien clair que Paître Mukhopadhyay lui-même, comme l’indique le sous-titre du poème ‘Balo, sundar achhe kon upakule’(Dis-moi sur quel rivage trouve t’on du Beau ?), le modelait sur le ‘Voyage’...

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