Sunday, June 05, 2005

PREMIÈRE POÉTESSE BAUDELAIRIENNE

Kabita Singha

Kabita Singha (1931-98 ) poétesse fort célèbre des années septante, par son premier recueil de poèmes ‘Sahaj Sunder’( Une belle toute simple, 1965 ), prit place dans le monde poétique bengali et reçut le prix ‘Kabi Puraskar’ (Prix de poésie ) en 1974. Ses deux autres recueils sont ‘Kabita Parameswari’ (O poésie, ma déesse souveraine, 1975), et ‘Harina Boiri’ (Une biche ennemie d’elle-même,1983 ).

Partout dans son œuvre est présent le spleen baudelairien, sans doute par l’intermédiaire des œuvres d’Eliot et des poètes baudelairiens des années trente, mais aussi plus directement, car Baudelaire ne lui était pas inconnu. A titre d’exemple les vers suivants :
« Apamaner janya bar bar daken
Fire asi
Amar apamaner proyojan achhe

Daken muthoy marichika rekhe
Mukhe balen bandhutar — bibhuti—
Amar marichikar proyojan achhe.
... ... ...
Jhap khule leliye den kalanker ajasra kukur
Amar kalankerproyojanache!
( Apamaner Janya Fire Asi : Je reviens en
quête d’insultes; s.1,v.1-3; s.2,v.1-3; s.4,v.3-4 )
(Sans cesse pour m’insulter, il m’appelle avec dédain , je reviens, n’ai-je pas besoin d’insultes! Il m’appelle un mirage au poing et aux lèvres, l’envoûtement de l’amitié et j’ai besoin de ce mirage. Ouvrant la niche, il fait saliver les innombrables caniches de mes scandales, n’ai-je pas besoin de mes scandales! )

« Ki nebe deher theke? mansa, med, basa?
Pragaitihasik agni? porha manser ghran,rakta-panya
Nakh dant chul kimba annapatra dibya karoti?
... ... ...
Tabu tar shrestha khela, shes khela, jatakshan theke jabe deha
Tomake samastha diye sangopane rekhe deoya
ektil firoja sandeha. »
( Deha : Corps; s.1,v.5-7, s.2,v.6-7 )
(Que raviras-tu de mon corps? Ma chair, ma graisse, ma moelle? Un feu préhistorique? L’odeur de chair brûlée, la boisson de mon sang. Mes ongles, mes dents, mes cheveux ou l’écuelle de mon crâne sacré?... Mais le meilleur coup, le dernier coup de mon corps aussi longtemps qu’il existera, —après t’avoir tout donné, je te laisserai avec le brin bleuté d’un doute secret ).

Voir de même, ‘Bela Jay’ (Fin de journée), ‘Nimkath’ (Bois de neem), ‘Sai Manus’ (Cet homme), ‘Rakhal Balaker Prati’ ( Au jeune berger), ‘Eka’(Seul), ‘Chhabi Chhirhe Dile’ (Quand on déchire une image), ‘Ratri’ (Nuit), ‘Idaning Bandhura’ (Mes amis actuels).

Pour un amour spirituel de type baudelairien, voir les poèmes :‘Tumi O Ami’ (Toi et moi), ‘Bhebechhilam’(J’avais cru), ‘Baylerina’(Ballerine),et pour un amour sensuel du même type voir : ‘Bhanghi Ramanir Krodhe’(Colère d’une jolie intouchable), ‘Jaler Putul’(Poupée d’eau), ‘Surya Sparshya’(Irradiée de soleil) etc..

Son poème ‘Khule Dao Aj Naukagulo’( Lève l’ancre de tes bateaux aujourd’hui), nous rappelle ‘Le Voyage’ de Baudelaire. Bien que dans le poème ‘Garjan Sattor’ (Les rugissantes années septante) sa révolte contre la contemporanéité est évidente :
« Rimbaud, Verlaine, Charles Baudelaire kanchi kata kore
Felediye batil purano sob anubad gandhalaga galita darshan.
Chule ese garjan sattor
Ramanike ekbhabe kardborde chhabir mato
Nil Chhabi post carde
Jara dekhabena. » ( s.7,v.1-7 )
(Jetant au panier les coupures de Rimbaud, Verlaine, Charles Baudelaire, rejetant toutes les traductions surannées, les philosophies décomposées et puantes, accourrant les rugissantes années septante, qui ne verront pas les jolies femmes comme des images d’affiches sur les cartes-vues pornographiques )...

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